Tu sais sans doute que je demeure dans l’école du village qui t’a vu naître et que ton frère Adrien a transformé en maison pour y élever sa famille.
Toi qui as bercé mon adolescence avec tes récits de l’époque où tu vivais au village de la Chapelle.
C’est grand-mère et toi qui m’avez inculqué le respect du passé et de nos ancêtres.
Fils de forgeron, tu as toujours été fier et respectueux de tes origines et tu m’as transmis cette fierté d’appartenir à un peuple si ingénieux.
Tu te rappelles les étés que nous passions ensemble au magasin de meubles de mon père, assis dans ta chaise berçante tout en fumant ta pipe, tu me racontais la vie d’avant..
Maintenant c’est à mon tour de transmettre cette vision d’un peuple heureux et qui a profondément évolué depuis la révolution tranquille.
J’ai la chance de pouvoir me servir d’outils de communication, que la modernité nous a donné, c’est ce qui me donne la chance, de pouvoir raconter à mes petits-enfants comment c’était avant, avant !
Mais je suis inquiet de ne pas pouvoir terminer ce reportage historique, car on m’a annoncé que le cancer qui me ronge et qui est incurable, pourrait me rapprocher de vous deux prochainement.
Tu sais j’ai des milliers de questions à vous poser, on continuera nos conversations d’antan.
Mais je suis confiant que ce sera pour plus tard, car combien de gens qui ont été avisés d’un mal incurable, ont vécu des dizaines d’années sans être inquiétés.
À bientôt, mais le plus tard possible.
Gilles
Maison natale de ma grand-mère qui existe encore sur le rang Sainte-Marie à Mirabel.