Il me semble que ce n’est pas aux élus municipaux et à leurs influenceurs de décider du sort d’un monument de 300 ans, mais bien à la collectivité consciente de tous les enjeux collatéraux.
Doit-on laisser les municipalités orchestrer l’avenir du patrimoine régional ?
Les maires ne passeront pas à l’histoire glorieusement en permettant ces saccages.
Sont-ils devenus des destructeurs de pays ?
Mascouche avait sur son territoire le plus ancien manoir seigneurial de la région. Ayant conservé ses bâtiments d’origine, la maçonnerie du manoir était un bijou d’exécution par ces maçons chevronnés, métier qui est à présent presqu’entièrement disparu.
Ce Manoir dont la construction a débuté vers 1765 avait, à travers les saccages, résisté au temps en conservant les vestiges de sa résidence et de son moulin.
Un beau projet de valorisation voir : PARC MÉTROPOLITAIN DU DOMAINE SEIGNEURIALinvitant différents paliers gouvernementaux à participer au développement du parc.
Pourquoi tant de hâte monsieur le maire Tremblay à détruire le manoir ? Prétextant la sécurité suite aux recommandations du Service de prévention des incendies présenté le 12 novembre 2020, vous décidez de passer à l’action quatre jours plus tard.
Êtes-vous sûr que le Service de prévention des incendies a la propension pour juger de l’urgence de la situation?
L’entrevue que vous avez accordée à LCN ne m’a pas convaincu des raisons évoquées à l’urgence de procéder à la démolition du manoir.
Agissez-vous avec stratégie pour forcer les gouvernements à subventionner votre projet?
L’empressement du jeune maire à passer à l’action, n’est pas là sans me rappeler des gestes similaires posés sous l’administration du maire Gascon qui, sans avertissement, avait démoli en septembre 2000 le moulin à carde historique et qui était encore fonctionnel (Geste que l’on a regretté par la suite).
Sans oublier la démolition de la gare de Ste-Scholastique à Mirabel par l’administration du maire Meilleur qui, pour sauver les dépenses occasionnées par les frais d’assurance, refusait la sauvegarde du bâtiment. Le maire Meilleur n’aimait pas les vieilleries qu’il me disait!
Et plus près de moi, malgré la recommandation de la Société d’Histoire de la rivière du Nord pour le respect de l’esprit historique du village de la Chapelle en 2002, nous présentions un mémoire suggérant le développement commercial social culturel du coin. Voir le mémo Lotissement_du_village_de_la_chapelle.pdf774.9 KB
Il avait alors tranché pour une commercialisation qui rapporterait des taxes, beaucoup de taxes, loin des encouragements qu’il me formulait en 2003, voir la vidéo.
Le modernisme a tué cette agglomération, cet ilot qui fut jadis la terre d’accueil des premiers colons de St-Jérôme. Tout comme le manoir des Seigneurs de Repentigny, le village de la Chapelle est mort.
Dès le 1 er avril, il ne restera plus que l’affiche soulignant le passé du village, la maison Charbonneau où siègent les bureaux de l’ATL et ma propriété ancestrale, car mon dernier voisin a vendu la sienne pour faire place au stationnement d’un concessionnaire automobile.
Partout dans la province, ces situations de destruction persistent, Money speak ! Il y a urgence de contrecarrer ces actions de démolition avant qu’il ne reste plus rien.
Je suis émotivement atteint. Je passe par tant d’émotions, de la tristesse à la rage face à l’incompréhension de ces situations. Allons-nous perdre toutes nos racines, notre langue et notre fierté d’appartenance ?
Une chance qu’il y a encore des valeureux gardiens du patrimoine qui veillent aux grains, je pense à des gens qui me viennent en tête spontanément, tel que Marc-Gabriel Vallières, Pierre Leclerc, Vicki Onifriu, Suzane Marcotte, les sociétés d’Histoires et tant d’autres.
Pendant que je vous écris ce mot, bourdonne dans ma tête la chanson de Richard Séguin :
Je vous invite en terminant ce billet à lire ces articles bien articulés que Le Devoir a publié sur la fin du manoir. Les autres média gardent le silence sur l’évènement, pourquoi ?
Article de l’historien Jean-François Nadeau et du chroniqueur Jean Marchand