« Théâtre en été » ou « théâtre estival », voici un phénomène unique au Québec, qui s'est répandu à toutes les régions, attirant des centaines de milliers de spectateurs friands de théâtre durant la saison chaude.
Autrefois orienté vers le divertissement traditionnel, avec des productions au contenu parfois trivial, aux qualités associées à l'amateurisme, le théâtre d'été a acquiert ses lettres de noblesse au fil des décennies grâce à la vision de ses artisans et à la maturité culturelle du public.
Les origines du phénomène semblent remonter à une centaine d'années. Dès 1904, Montréal accueille un événement s'apparentant à un festival de théâtre d'été, alors que trois salles présentent quatre pièces différentes.
Les années 1950 et 1960 voient apparaître plusieurs nouvelles scènes en région.
Le Théâtre de Sun Valley fut fondé en 1953 par Jacques Normand qui avait transformé la plus grande écurie de Sun Valley Farm en théâtre d’été. Henri Norbert en assume la direction.
Mais en 1982, le théâtre dut fermer puisque l’ancien écurie ne répond pas aux nouvelles normes de sécurité gouvernementales qui sont imposées à toutes les granges et autres salles de spectacle à la suite d’un incendie meurtrier dans une salle de Chapais, le 31 décembre 1979.
En 1956, Paul Hébert inaugure le Théâtre Chanteclerc de Sainte-Adèle, avec la pièce La Mégère apprivoisée de Shakespeare, puis il fonde 5 ans plus tard, le théâtre de l'Estérel à Sainte-Marguerite.
Les décennies 1970 et 1980 voient un développement exponentiel des théâtres d'été sur tout le territoire québécois: une centaine de compagnies jouent alors dans des granges, des cabanes à sucre et autres lieux champêtres où viennent en grand nombre résidants et touristes.
Mais l'apparition au milieu des années 1980, de nombreux festivals d'été dédiés à diverses thématiques ou genres artistiques, force ces théâtres à resserrer leurs critères, en ce qui a trait au choix des oeuvres et à la qualité des productions.
Plusieurs ferment leurs portes, alors que s'atténue le clivage entre le genre de théâtre présenté en été et celui qu'on peut apprécier le reste de l'année. Fortes d'un succès public conquis, les compagnies consolident leurs assises.
Quelques salles se moderniseront telles le théâtre Saint-Sauveur le théâtre de Sainte-Adèle, le théâtre le Patriote de Sainte-Agathe, le Petit Théâtre du Nord à Boisbriand, le Théâtre du Marais à Val-Morin, l’espace théâtre à Mont-Laurier, l’Odyscène - Théâtre Lionel-Groulx à Sainte-Thérèse et le tout nouveau Théâtre Gilles-Vigneault à Saint-Jérôme, continueront à présenter des productions estivales.
Notons qu’il n'est pas rare, à présent, de voir un volet théâtre inclus dans les programmations des festivals, y compris de grands festivals montréalais, tel Juste pour rire, et certains théâtres institutionnels (Théâtre du Rideau Vert, Théâtre du Nouveau Monde...) qui offrent maintenant du théâtre en été.
Références : Encyclopédie Canadienne et coupures de journaux
