Jeudi 14 décembre
Vers 7h00, le matin, les troupes de Colborne quittent Saint-Martin, dans l'ile Jésus en direction de Saint-Eustache, où le gros de l'armée britannique s’était rassemblé. Les troupes se dirigèrent vers la rivière des Mille Îles et traversèrent le cours d’eau à la hauteur de Sainte-Thérèse et prirent ensuite le chemin de la Grande Côte.
Avant la bataille devenue imminente, Jean-Olivier Chénier se rend auprès de son épouse et il a un long entretien avec elle. Revenu auprès de ses hommes, les préparatifs se poursuivent tout en ignorant l'importance des forces de l'ennemi.
LA BATAILLE DE SAINT-EUSTACHE
Par un froid glacial et dans deux travées enneigées, les soldats marchent deux par deux, vêtus de leur fameux habit rouge, et portant fusil à l'épaule.Les Volontaires de Maximilien Globensky, nouveau seigneur des Mille-Îles en raison de son mariage avec Elmire Lambert Dumont, prennent un raccourci plutôt périlleux vers Saint-Eustache. Vers onze heures et quart, les Patriotes aperçoivent des hommes armés en face de l'église, de l'autre côté de la rivière.
JOURNAL HISTORIQUE D’UN EUSTACHOIS
Éditeur : « A onze heures et un quart, on- vint donner l'alarme, c'était la troisième alarme depuis quelques jours Aussitôt tout le village fut en émoi.
LE MINUTE DU FORGERON
« Les Patriotes dans la région de Deux-Montagnes, Saint-Eustache, Saint-Benoît, Saint Sicho, pis tout ça là. On a plein d'histoires autour de ça. Ma version à moi parce qu'on a plein de version. Ben vous savez que c'est toujours le vainqueur qui écrit l'histoire et non pas le vaincu. Ma version de tout ça, c'est pas dur. Le 14 décembre 1837, il y avait au-dessus de 600 patriotes à Saint-Eustache, autour de l'église. Ils y ont vu arriver du côté de l'île Jésus, ça, c'est de l'autre bord, c'est Laval. Ils y ont vu arriver quinze cents soldats anglais avec les gros chapeaux hauts de forme, avec la cavalerie, avec des canons. Ben dans les six cents patriotes, qui étaient du côté de Saint-Eustache. Il y avait 200 fusils pour 600 gaillards. Les autres avaient des pelles, des fourches, des piques. Il y en a 400 qui ont eu peur, qui ont pris la poudre d'escampette et qui sont montés vers Saint-Benoît et qui ont été ce caché dans les terres. Il y en est resté deux cents. »
Jonathan Lemire
« Le docteur Jean-Olivier Chénier est dans l'église de Saint-Eustache avec environ 70 individus. Certains ont été rentrés à l'intérieur de gré, certains de force. Les principaux témoignages nous mentionnent que Chénier aurait fait couper l'escalier montant au jubé, rendant ces prisonniers certains de ces de ses principaux défendeurs. Certains sont armés, certains ne le sont pas. Alors l'armée est tout autour de l'église de Saint-Eustache. Certains généraux britanniques vont se positionner derrière l'église, moins défendue à cet endroit-là, pour rentrer par la sacristie. On va échanger même des coups de feu à l'intérieur de l'église avec ses principaux soldats là. Puis un feu va être allumé derrière l'autel de l'église de Saint-Eustache et rapidement, le temple catholique va prendre feu. Et en quelques minutes, tout va rapidement s'embraser. Donc s'offre un choix déchirant, c'est à dire soit de brûler vifs à l'intérieur ou de sauter par les fenêtres donnant sur le cimetière, juste à côté de l'église de Saint-Eustache. »
« Je me retrouve sur le site de l'historique bataille de Saint-Eustache, donc, derrière l'église même, mais aussi derrière le presbytère, le couvent, ici et sur l'ancien site de la maison de la famille Dumont, donc les seigneurs de l'endroit, aujourd'hui l'école Notre-Dame. C'est ici même que Jean-Olivier Chénier va affronter les volontaires loyalistes de Saint-Eustache qui vont apparaître juste de l'autre côté de la rivière. Ici, environ une centaine d'hommes armés. Puis, à ce moment-là, on est vers la fin de l'avant-midi. Mais en même temps, les Patriotes de Saint-Eustache vont voir arriver par vers l'est le gros des troupes militaires du général John Colborne qui vont ceinturer le village de Saint-Eustache, mais principalement la place publique du village. Ici même derrière moi. »
« En fin d'après 12 h, le docteur Jean-Olivier Chénier va réunir ses principaux lieutenants, puis va sauter par une des fenêtres menant donnant sur le cimetière, entre l'église et le couvent de Saint-Eustache. À ce moment-là, ils sont cinq ou six. Puis, mettant le pied au sol, plusieurs témoignages, en fait, racontent la mort de Chénier.
Il y a différentes versions, dont la plus répandue, la plus réaliste est que Chénier met un pied au sol avec quelques-uns de ses principaux lieutenants et reçoit à ce moment-là une balle qui va le blesser, vraisemblablement mortellement, voire faire quelques pas vers la rivière, puis voit tomber mort à cet endroit-là. On va retrouver ça encore en fin de journée, autour de 18 h, et on va le conduire à l'auberge à dessein ou on va faire littéralement son autopsie de la part des chirurgiens médecins britanniques pour constater que c'était bel et bien une balle de l'armée qui a tué le chef patriote. »
LE MINUTE DU FORGERON
Les soldats anglais ont mis le feu à l'église. Là, ils se sont fait tirer les patriotes quand ils sautaient par les fenêtres parce que l'église était en train de brûler. Ça se résumer assez vite.
Évidemment, les Anglais ont dit les Anglais, mais c'étaient des Britanniques.
Mais les Britanniques les ont mis le feu au village de Saint-Eustache. Ils ont quasiment toutes brûlé, sauf quelques maisons de pierre d'anglophones. Un drôle de hasard, évidemment. Et évidemment, Colborne lui a dormi dans une belle maison en pierre, au chaud, le ben tranquille la nuit du 14 décembre. »